Un-binging, battle sensorielle, et Boomer
La newsletter bi-mensuelle d’UXmmersive partage un aperçu de l’actualité des expériences immersives en France et ailleurs : évènements, veille, ressources, inspirations et questionnements.
L’Edito.
Binger. Vous avez déjà bingé vous ? Genre regarder 4 à 5, voire 10 épisodes de suite d’une série ? En fait le binge ne se résume pas à la télévision. De plus en plus, on binge du contenus. Musique, Film, Jeux Vidéos. Nous consommons en masse, rapidement, pour passer au suivant. Alors, peut-être qu’il serait temps d’arrêter, d’un-binger, et de resacriliser nos petits plaisirs divertissants.
Sinon pour ceux que ça n’intéresse pas, nous avons un challenge à la hauteur de votre estomac : les 49 saisons des feux de l’amour. Bon chance.
👀 Au programme de la newsletter :
Le sujet de la semaine : l’envers immersif du décor
La question à un million : La vue ou l’ouïe, qui est le plus immersif ? Battez-vous !
Le vrac de la ressource :
La cave du magicien !
C’est parti !
Le sujet de la semaine : l’Envers immersif du Décor
Immersion rime avec… cornichon ? Non. Evasion ? oui mais non… Thématisation ! Bon ok, c’était un point perdu d’avance, nous le concédons.
Le thème, c’est ce qui fait l’identité d’un espace. A lui seul, il symbolise un imaginaire. Il ne parle pas mais en dit beaucoup sur ce qu’il incarne. Ce thème peut être à l’échelle d’un café. Les Hard Rocks Cafés, a priori, destiné aux fans de Hard Rock. A l’échelle d’une avenue, les Champs-Elysées et ses vitrines de luxe. Ou même à l’échelle d’une ville, Las Vegas, la ville du jeu ou tout est permis. Le thème est un fil directeur. Il plante le décor.
Pourtant, trop souvent, on confond thème et décor.
Cette incompréhension donne même lieu à la naissance du carton-pâte. Hard Rock café c’est fake, un peu kitsch, Las Vegas, pareil. Pire en 2019, on pouvait même entrer dans l’Ultimate Barbie Glamping Experience :
Dans un Hilton, au Mexique, tout de même.
C’est ce que nous appelons la méthode « Y aller à la truelle » : en mettre plein la vue, à chaque instant, pour créer des émotions fortes et bombarber les visiteurs de stimuli.
Dans le même genre, il existe de belles réussites. Les Pokemon Café, Disneyland ou encore le Puy du Fou. Parce qu’ils ont compris que le décor n’est qu’une partie du thème. Il y a tout le reste : les activités et animations proposées, les attitudes du personnel, les easter eggs cachés, et les visiteurs qui jouent plus ou moins le jeu. Baladez vous au Village Harry Potter d’Universal, y voir tous les visiteurs avec des capes et des baguettes magiques, ça ajoute son petit charme.
Récemment pourtant, deux exemples nous ont prouvé que l’art de la subtilité pouvait tout aussi bien créer une expérience thématisée impactante. Le premier, c’est l’Hotel MK2 Paradiso que nous avons récemment visité. Un article arrive bientôt, nous n’en dirons pas plus aujourd’hui ! Le second, c’est le Onmyoji Flagship store :
Plot Twist : Onmyoji c’est un jeu vidéo qui rassemble + 200 millions de joueurs. Et ce lieu est dédié aux gamers fans.
C’est épuré. C’est lumineux. C’est grand. A peu près tous les codes qui représentent un espace « gamer » sont explosés. Et nous trouvons ça génial. Parce que les fans s’y retrouvent.
C’est ce que nous appelons la méthode “l’art du thème subtil” : travailler un thème dans son symbolisme pour parler à tous.
Par exemple sa façade, fantômatique, est déjà une expression de la narration du jeu, intimement lié aux mythes et folklores japonais. Ouvert de jour, comme de nuit, le store passe de la lumière aux ténèbres, et jouent sur ces antagonismes entre les deux, encore une fois importants dans le jeu.
L’article d’Archidaily sur lequel nous sommes tombés et qui a inspiré ce sujet résume bien cette réussite :
“Pour les joueurs chevronnés, la boutique est l'endroit idéal pour découvrir les véritables scènes de jeu et pour multiplier les occasions d'entrer en contact avec d'autres joueurs de types et d'appétits différents. Quant au public, c'est aussi un bon endroit pour se détendre et explorer le monde des fantômes”.
Lorsque le symbolisme parle pour lui même, alors il est capable de surprendre à tous les niveaux, de manière diffuse dans le temps. Il pousse à prendre le temps d’observer, pour y dénicher un secret que nous serons peut-etre les seuls à décrypter. C’est beau, je sais ! :)
Pour ceux qui veulent aller plus loin, il y a déjà quelques temps nous parlions de la difficulté de créer de l’immersion dans un hôtel ici.
💸 La question à un million 💸 : La vue ou l’ouïe, qui est le plus immersif ? Battez-vous !
Oui, cette semaine nous avons envie de lancer une battle plutôt gratuite ! De notre côté, notre cœur balance plutôt pour l’ouïe comme vecteur d’immersion. Voici nos arguments :
Tout d’abord, le son regorge d’une multitude d’informations. Prenez le cri d’un monstre. En l’écoutant, vous aurez une idée de son emplacement (derrière à droite ?), de sa taille (un petit chaton ou un gros dragon ?), de l’environnement dans lequel vous vous trouvez (dans une cathédrale qui résonne, en plein air ou dans une petite pièce cosy ?), et même de son intention (câlin ou attaque !).
Ensuite, le son, c’est un espace d’imaginaires. Dans le monde du spectacle, les anglos-saxons aiment le moto “show don’t tell”, soit “laissez voir plutôt que blablater” (non, nous ne sommes pas traducteurs). Nous pourrions même aller plus loin : “suggérez plutôt que montrer ” ! Laissez vos spectateurs faire une partie du travail pour s’approprier votre univers et le vivre d’autant plus intensément. Dans le noir complet, à vivre une scène par le son, votre imaginaire fonctionne à plein régime : qui parle ? A quoi ressemble-t-elle ? J’entends des oiseaux, mais de quelles couleurs sont-ils !?
Enfin, l’audio et la voix en particulier peuvent créer un sentiment d’intimité ET de sécurité. Les podcast comme Transfert ou les Pieds sur terre le montrent bien : nous entrons dans l’intimité des personnes interviewées, sans la brutalité que pourrait avoir les mêmes scènes filmées, à visage découvert. De même, le téléphone est bien moins intrusif qu’une visio au final. On s’y sent mieux, protégé et proche de notre interlocuteur.
Maintenant, à vous les équipes de la réalité virtuelle, du video mapping et des décors en grandeur nature, de donner vos arguments ! Nous les relaierons dans la prochaine newsletter :)
Le vrac de la ressource pour les créateurs🍊🍅🍈
Des évènements :
Nous avons eu beaucoup d’ascenseurs émotionnels avec des réouvertures annoncées et puis finalement non, mais nous vous partageons tout de même des activités qui devraient voir le jour à partir du 19 mai !
#Pixii : Le festival international des cultures numériques se tiendra à la Rochelle du 19 au 24 juin, avec un parcours en ville d’environ 3h pour découvrir 14 dispositifs (gratuit)
#Ailleurs : Le festival des Ailleurs à la Gaité lyrique propose des œuvres immersives et ouvrira enfin ses portes à Paris (entre 9 et 15€ pour un parcours de 3 œuvres)
Des contenus pour s’inspirer :
#Zoom : Vous voulez créer des oeuvres immersives sur zoom ? Vous vous interrogez sur les dispositifs à distance ? Nous vous conseillons l’excellent épisode du podcast Le code a changé sur le sujet !
#XR : le guide (en anglais) sur la production des oeuvres en XR par French Immersion et Kaleidoscope
Des actus du secteur :
#Boomer : Chez UXmmersive, nous n’avons pas pris le train de TikTok. Nous ratons donc le partenariat entre le géant chinois du media social avec le géant… japonais de l’immersif, à savoir TeamLab !
La cave du magicien🧙♂️
Petite sélection d’expériences et d’évènements à découvrir pour toute la famille !
👉L’atelier des lumières à Paris et le bassin des lumières à Bordeaux réouvriront le 19 mai
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🙏 Merci à Elisha pour la visite guidée de l’hôtel Paradiso et à Julien pour son invitation à la rencontre “Théâtre et Téléphone” et les réflexions partagée sur l’intimité et le téléphone
Charlotte-Amélie Veaux & Yann Garreau
Explorateur.ices @UXmmersive - le blog des expériences immersives